Notez la subtilité du jeu de mot... "Requiem pour Rêve", ou "Le jour où j'ai compris que ma meilleure amie est la personne à laquelle je tien le plus"
Je me souviens de ce jour comme si c'était hier : un ciel d'un bleu profond, des arbres d'un vert tendre et clair. Elle, moi et d'autres sur une petite route de campagne, à vélo. Je discutais avec la fille derrière moi, on papotait de choses et d'autres, de préoccupations futiles telles que peuvent en avoir de jeunes adolescentes de notre âge. Je t'ai vue me doubler, un sourire aux lèvres, une sorte de défi auquel je n'ai pas répondu. J'ai seulement entendu le crissement de tes pneus sur les graviers, et c'est en riant que je me suis retournée pour regarder enfin devant moi....
Un cri suspendu dans l'azur. Une fraction de seconde pour que ma vie se désintègre, que mon âme se déchire. Dans le silence qui suivit ta chute cacophonique, j'entendis au plus profond de mon être mon cœur se briser en millions de petits morceaux qui tombèrent dans mon corps, nuée ardente de papillons qui accompagnait ma descente aux enfers.
Tu semblait être un ange tombé du ciel, allongée par terre, une corolle de cheveux blonds entourant ton visage adorable. Seules tes plaies aux mains démentaient cette vision céleste, et le camion qui marchait au ralentit, à deux mètres de ton vélo.
Je me souviens que la roue arrière tournait toute seule, comme pour laisser espérer que tu remonterais dessus, comme si de rien était. Mais dans mon esprit tu était déjà morte. Ma chérie, mon amour, ma vie. Ma sœur de sang. Morte. J'ai caressé tes cheveux longtemps, une éternité. Ou quelques secondes. J'ai vu tes paupières remuer, s'entrouvrir. Deux pupilles glaciales me fixer. C'est de l'inquiétude que j'ai lu dans ces yeux-là. Non pour toi, mais pour moi, ta petite sœur. Effondrée à tes côtés. Le soulagement n'est pas venu tout de suite. Les larmes, elles, si. Mais tu étais vivante, vivante, vivante !!
"J'ai cru que tu étais morte." Une phrase murmurée du bout des lèvres. Ton regard perçant en retour. Les rôles s'étaient inversés ; c'était toi maintenant qui t'occupais de moi. Et tu as tenu bon, tu es remontée sur ton vélo. Tu as prouvé à la Terre entière que tu étais vivante. Tu m'as prouvé que la vie ne vaut vraiment la peine d'être vécue qu'avec toi. Sœurette adorée.