OBAMA a accédé à la présidence, porté par deux grands rêves : celui d’une idéale fraternité raciale et celui du rêve américain recolorié.
Cet état de grâce n’aura peut-être qu’un temps mais il pèsera.
Imaginez, au contraire, la disgrâce de l’honorable Mc CAIN si en l’élisant, l’Amérique avait paru claquer sa porte à une telle ferveur internationale.
Peut-on considérer OBAMA comme un messie annonciateur d’un changement de grande ampleur ?
Avec des Etats-Unis englués dans une guerre d’Irak où ils cherchent une sortie honorable, sonnés par le séisme financier, discrédités par l’impopularité sans comparaison de la présidence BUSH Jr, il apparaît très difficile de faire pire !
Tout d’abord, OBAMA a mené une campagne remarquable caractérisée par l’appui sur divers réseaux sociaux mobilisés notamment par l’utilisation d’un média assez peu utilisé par ses concurrents (plutôt curieux d’ailleurs) , Internet.
Paradoxalement, l’issue heureuse de cette élection n’a jamais paru aussi « cousu de fil blanc » !
Deux mois avant le résultat final, avec une incroyable régularité, les sondages donnaient au candidat démocrate une avance confortable non seulement sur le plan national mais aussi dans les fameux
swing states où tout se jouait.
La force d’OBAMA tient certes dans son exceptionnel pragmatisme mais aussi dans son caractère circonspect et son attitude d’homme méthodique.
En effet, dans un pays où la pression religieuse reste forte, il a très bien su, à titre d’exemple, éviter le piège de l’avortement.
« Non que je sois pour l’avortement, mais au final, je ne pense pas que les femmes prennent cette décision à la légère » même si à travers cette phrase d’OBAMA, on peut noter un certain embarras, en estimant que la décision doit revenir aux principales intéressées, il répond d’une façon
diplomatique à Sarah PALLIN.
Ses paroles étaient mûrement réfléchies et pesées tandis que la campagne de John McCAIN (voir même d’Hillary CLINTON) faisait toujours planer un parfum de psychodrame.
Il est apparu ainsi rassurant pour l’opinion publique américaine.
Dans la politique où l’on cultive aussi l’image (surtout au USA avec des budgets de campagne nettement plus importants qu’en France) , la maxime de Mao ZEDONG n’a jamais paru aussi juste « Une image vaut mille mots »
Il est aussi indéniable que le contexte lui était plutôt favorable.
En effet, les républicains étaient au fond de l’abysse, George BUSH Jr ne laisse (et ne laissera) guère une opinion positive, John McCAIN ne savait plus quelles tactiques adoptées pour tenter désespérément de se dissocier du bilan calamiteux de W.
Bonus pour OBAMA, la crise qui ravage les Etats-Unis et le Monde replaçait le débat sur le terrain économique, où McCAIN n’est absolument pas à l’aise.
Par-dessus tout, trois choses ont été fatales à McCAIN.
_ Ses louvoiements politiques pour séduire l’aile la plus dure du parti alors qu’il était habituellement réputé pour faire preuve d’indépendance d’esprit.
_ Le choix désastreux de Sarah PALIN comme candidate au poste de vice-président, à chaque fois que la pétulante chasseuse de caribou (pas désagréable physiquement après avoir dépensé 500 000 Dollars en tailleurs,
escarpins italiens et coiffeurs de luxe ! ) prenait la parole, cela était pour dire une absurdité !
Dommage, l’idée de vouloir récupérer une partie de l’électorat d’Hillary CLINTON aurait pu être payante. Hélas pour eux, Hillary a le défaut d’être intelligente (et pugnace). N'est pas Hillary qui veut !
_ La crise financière qui s’est abattue sur le pays à contribuer à renvoyer l’image d’un Barack OBAMA sûr de lui, capable de relever des défis, face à un McCAIN emprunté, hésitant (le fait d’annuler un meeting puis la phrase « les fondamentaux de l’économie américaine sont sains » ont été décisif)
Toutefois, OBAMA est d’or et déjà un président atypique !
Il est certes Afro-Américain mais il ne porte pas sur ses épaules le lourd fardeau de l’histoire américaine avec son cortège de haine et de ségrégation.
Il n’a pas sombré dans le thème de la repentance qui aurait risqué de braquer une partie de l’opinion.
Les Américains n’ont, en tout cas, pas choisi OBAMA pour effectuer une introspection psychanalytique collective, mais pour qu’il résolve leurs problèmes !
Il a conscience que le temps presse et sa priorité absolue sera, bien sûr, l’économie.
Son programme a un parfum de New Deal :
_ Création d’une banque d’investissement pour moderniser les infrastructures du pays qui en ont un besoin urgent.
_ Plan de 30 milliards de dollars pour aider les propriétaires frappés par la crise immobilière.
_ Il veut aussi alléger les impôts de ceux qui gagnent moins de 250 000 Dollars par an et alourdir ceux qui frappent les revenus du capital
_ Son programme de couverture médicale pour tous les Américains coûterait 110 milliards de dollars avec un déficit budgétaire prévisible de 1000 milliards de dollars, certains espoirs risquent d’être déçus !
Deuxième priorité d’OBAMA : l’énergie.
Son objectif est
_ De réduire les émissions de CO2 de 80% (par rapport au niveau de 1990) d’ici à 2050 avec une diminution de 35% de la consommation de pétrole à échéance de 2030, grâce, notamment à la production de biocarburants.
_ OBAMA prévoit 150 milliards de dollars d’investissement dans les énergies nouvelles.
OBAMA aura du pain sur la planche :
Il devra gérer deux guerres sans perspectives de victoires, l’Irak (10 milliards de dollars/mois ! ) et l’Afghanistan
En Irak, le but est de « limiter la casse » !
C’est pourquoi, la carte tribale est jouée.
Cent mille supplétifs sunnites (les Conseils de réveil), souvent d’anciens insurgés, ont été recrutés par l’US Army au tarif de 300 dollars par jour.
Mais ils ne veulent pas passer sous l’autorité du gouvernement irakien dominé par les chiites et menacent de retourner à la rébellion.
Par conséquent, le retrait du gros des troupes américaines, dans les 18 mois souhaités par Barack OBAMA, semble compromis !
Pour l’Afghanistan, la vue n’est guère meilleure.
L’effort que sollicitera Washington de la part de ses alliés risque d’être accueilli fraîchement.
En revanche sur l’Iran, sa volonté de dialoguer ou la tactique de la fermeté et de la main tendue pourrait se révéler plus payante.
Mahmud AMADINEJHAD "préférait" BUSH Jr car cela lui permettait de jouer sur le thème du pays se sentant oppressé, semblant ainsi permettre certains écarts de discours or avec OBAMA, il ne pourra plus adopter la même tactique !
Certes OBAMA est un réformateur, cultivé, nuancé toutefois pour ses détracteurs il passe pour un opportuniste.
_ Il a rejeté, après l’avoir accepté, le financement public pour sa campagne.
Sage décision car avec plus de 600 millions de dollars, il écrase son rival avec ses « modestes » 84 millions de dollars.
_ Il a milité pour renforcer les normes de sécurité des centrales nucléaires avant d’assouplir son texte devant l’opposition de l’industrie.
_ Il a abandonné son opposition aux forages en Alaska et au contrôle des armes.
Toutefois, son refus de voter la guerre en Irak; l’idée,évoquée au détour d'une phrase au cours de la campagne, de réduire au minimum le champ d’application de la peine de mort (c’est un début dans un pays où la peine capitale reste populaire); un système de santé bon marché et accessible à tous américains (il veut contraindre les employeurs à assurer leurs salariés, sinon ils devront s’acquitter de nouvelles taxes.
Cependant, les PME pourraient être exemptées de cette obligation) etc… sont fort louables.
En outre, le fait d’être secondé par Joe BIDEN qui est un homme d’expérience en matière de politique étrangère puis aussi par des valeurs
sûres qui ont fait leurs preuves avec Bill CLINTON tels que David AXELROD en politique, Robert RUBIN en économie, Eric HOLDER etc… constitue pour lui un indéniable atout supplémentaire.
Pour finir, cosmopolite et pluriethnique, Barack OBAMA est la première incarnation d’un président à l’aura mondial, après cette caricature texane que fut George BUSH Jr.
Paradoxalement, il arrive au moment où le pouvoir économique et politique de la planète, longtemps établi aux Etats-Unis est, par glissements progressifs, en train de passer de l’autre côté du globe, en Chine et en Inde.
Je le pense sincère et efficace mais il n’est pas dupe qu’il aura du mal à tenir ses promesses car les finances se portent mal.
D’ailleurs, dès l’annonce des résultats, il a cherché à calmer les esprits en disant qu’il faudra vraisemblablement plus d’un mandat pour redresser la situation.
Cela va peut-être le conduire à transformer son slogan, au lieu de « Yes we can » en « No we can’t »
Long live to OBAMA
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