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 Les trois livres interdits 1/3: Le roi en jaune

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iOneska
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MessageSujet: Les trois livres interdits 1/3: Le roi en jaune   Les trois livres interdits 1/3: Le roi en jaune EmptyMer 6 Aoû - 17:20

LE ROI EN JAUNE
(trouvé)

Œuvre sans doute unique d'un auteur inconnu, Le Roi en jaune est une pièce en deux actes que l'on suppose écrite vers la fin du XIXe siècle. On ignore son origine, mais on sait qu'il a bénéficié en Europe d'une vogue aussi soudaine que nocive, puisque sa lecture provoque la folie, parfois le suicide. Les autorités françaises l'ont interdit et saisi, et la plupart des gouvernements ont suivi leur exemple, mais partout il s'est trouvé des lecteurs téméraires pour braver ces interdictions. Ce succès s'explique par la beauté du livre, décrit comme une réussite artistique inégalée.

Quel genre de folie accompagne ce livre ? La réponse que nous donnent les nouvelles est double. Le lecteur est d'abord frappé par une crise dépressive, avec effondrement intellectuel et nerveux, perte du sommeil et instabilité d'humeur (" La Cour du Dragon ", " Le Signe Jaune ", " Le Restaurateur de réputations "). Une fois passée, la crise initiale laisse subsister une inquiétude, une nervosité tenace ainsi que l'impression d'une fatalité dont la victime ne pourra plus se défaire. Dans " Le Signe Jaune ", on voit même se créer une complicité entre les lecteurs, conscients d'être prisonniers du même mal et prenant à leur déchéance un plaisir d'esthètes pervers, tels les adeptes des stupéfiants alors en vogue (absinthe, éther, opium). Chez Hildred Castaigne par contre (" Le Restaurateur de réputations ") la personnalité nouvelle qui se développe n'est pas dépressive mais plutôt paranoïaque, avec des délires de grandeur et des idées de persécution ; peut-être à cause du fait que, déjà déséquilibré mentalement, Hildred ne réagit pas de la même manière que les autres à la lecture du Roi en jaune.

Enfin survient une crise finale au cours de laquelle le sujet est plongé dans l'univers du Roi en jaune, soit pour y triompher (" Le Restaurateur de réputations "), soit pour y connaître la torture et la mort (" La Cour du Dragon ", " Le Signe Jaune "). Dans certains cas cependant, l'issue n'est pas fatale : Alec, dans " Le Masque ", semble traverser cette crise au cours de sa maladie. Il en réchappe, profondément marqué, mais le retour à la vie de Geneviève à la fin de l'histoire vient augmenter ses chances de guérison.

On voit que l'angle d'attaque de Chambers n'est pas celui de Lovecraft ou de Borges. Il ne s'en prend pas à l'intellect, mais à l'émotion et au sens esthétique. On reconnaît une des idées maîtresses de l'esthétique décadentes, celle d'une proche parenté entre la mort et la beauté. L'œuvre d'art, qui vise à représenter celle-ci, est le produit d'une alchimie dont le résultat est parfois un poison mortel. Telle est l'essence du Roi en jaune, ouvrage si parfait qu'il en détruit la santé mentale de ses lecteurs et les ronge comme une gangrène. Ce n'est cependant pas le seul aspect de ce livre imaginaire. Les réflexions des personnages laissent deviner des pages dénonçant avec désinvolture et esprit, en des mots précieux et empoisonnés, les illusions morales qui rendent la vie vivable, un peu comme les amers traits d'esprit que savait si bien manier le prince des décadents, Oscar Wilde. Si Le Roi en jaune est insoutenable, c'est au même titre que ces romans de Sade dont les outrances laissent le lecteur avec une profonde sensation de malaise ; ou, mieux encore, que ces films de Peter Greenaway, comme Meurtres dans un jardin anglais ou The Baby of Macon, dans lesquels la somptuosité des décors, des costumes et de la musique ne souligne que mieux la cruauté de l'intrigue, le cynisme des personnages et la perversité de leurs relations. Là où Lovecraft nous montre un univers froid et indifférent envers l'homme, pour Chambers c'est l'homme lui-même qui, sous le masque de ses sourires et de ses bonnes manières, dissimule froideur et indifférence envers ses semblables. Tel est l'effet de la pièce maléfique. Elle offre au lecteur la Vérité, mais celle-ci n'est qu'un Spectre inhumain et grimaçant.

La pièce de théâtre imaginée par Chambers s'avère, en fin de compte, à la fois proche et différente des livres maudits de Lovecraft et Borges. La proximité vient de ce que, tout comme eux, elle contient des révélations difficilement supportables. Celles-ci, cependant, ne portent pas sur la structure de l'univers, ni sur l'étendue du possible : elles ne font que révéler à l'homme son vrai visage.



Dernière édition par iOneska le Lun 7 Juin - 11:52, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Les trois livres interdits 1/3: Le roi en jaune   Les trois livres interdits 1/3: Le roi en jaune EmptySam 23 Aoû - 16:16

Je suis en ce moment entrain de lire "le livre de sable" dont j'ai parlé plus haut. Ce livre est composé de nouvelles on ne peut plus singulières.. un peu à la Edgar Alan Poe.. J'aime beaucoup... un tout autre monde.. un monde de délires et d'hallucinations troublantes.. dois-je vous écrire la première nouvelle pour vous donner envie de le lire?
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MessageSujet: Re: Les trois livres interdits 1/3: Le roi en jaune   Les trois livres interdits 1/3: Le roi en jaune EmptySam 23 Aoû - 16:35

L'autre

"
[...] Il devait être dix heures du matin. Je me reposais sur un banc face au fleuve Charles. A quelques cinq cent mètres sur ma droite, il y avait un édifice élevé dont je ne sus jamais le nom. L'eau grise charriait de gros morceaux de glace. Inévitablement, le fleuve me fit penser au temps. L'image millénaire d'Héraclite. J'avais bien dormi ; la veille mon cours de l'après midi était parvenu, me semblait-il, à intéresser mes élèves. Alentour il n'y avait pas âme qui vive.

J'eus soudais l'impression (ce qui d'après les psychologues correspond à un état de fatigue) d'avoir déjà vécu ce moment. A l'autre extrémité de mon banc, quelqu'un s'était assis. J'aurais préféré être seul, mais je ne voulais pas me lever tout de suite pour ne pas paraître discourtois. L'autre s'était mis à siffloter. C'est alors que m'assaillit la première des anxiétés de cette matinée. Ce qu'il sifflait, ce qu'il essayait de siffler (je n'ai jamais eu beaucoup d'oreille) était l'air populaire de "la Tapera" d'Elias Regules. Cet air me ramena à un patio, qui a disparu, et au souvenir d'Alvaro melian Lafinur, qui est mort depuis si longtemps. Puis vinrent les paroles. celles du premier couplet. La voix n'était pas celle d'Alvaro, mais elle cherchait à ressembler à celle d'Alvaro. Je la reconnus avec horreur.

Je m'approchais de lui et lui demandai:
- Monsieur, êtes vous uruguayen ou argentin?
- Argentin mais depuis 1914 je vis à Genève.
Telle fut sa réponse; Il y eut un long silence. Je repris:
- A numéro 17 de la rue Malagnou, en face de l'église russe?
Il me répondit que oui.
- En ce cas, lui dis-je résolument, vous vous appelez Jorge Luis Borges (NDLR: Auteur de la nouvelle). Nous sommes en 1969, et dans la ville de Cambridge.
- Non, me répondit-il avec ma propre voix, un peu lointaine.
Au bout d'un moment il insista:
- Je suis à Genève, sur un banc, à quelques pas du Rhône. Ce qui est étrange c'est que nous nous ressemblons, mais vous êtes bien plus âgé, vous avez les cheveux gris.
je lui répondis:
- Je peux te prouver que je ne mens pas. Je vais te dire quelque chose qu'un inconnu ne pourrait pas savoir...
[...]

Alors intéressé? ça me fait beaucoup penser à une pièce de théâtre absurde: la cantatrice chauve de Ionesco. J'aime j'aime j'aime ^^ Et vous ça vous a mis l'eau à la bouche? nihihihi :sadique:
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